Insuffisance cardiaque aigüe: une urgence !
26 mars 2014
Vers un nouveau traitement de l’insuffisance cardiaque aigüe ? ©Phovoir
L’insuffisance cardiaque aigüe est une urgence médicale qui nécessite une hospitalisation. Dans 10% des cas, les patients décèdent dans les 28 jours suivant cet épisode. La recherche médicale progresse et de nouveaux concepts de prise en charge pourraient dans quelques années améliorer le pronostic de ces malades.
L’insuffisance cardiaque est une maladie grave et potentiellement mortelle qui traduit l’incapacité du cœur à faire face aux besoins de l’organisme, tout d’abord à l’effort, puis au repos. Comme la circulation sanguine devient progressivement insuffisante, les organes ne reçoivent plus assez d’oxygène et d’éléments nutritifs pour fonctionner normalement.
« La plupart des patients vont connaitre un ou plusieurs épisodes de décompensation (insuffisance cardiaque aigue », explique le Pr Frédéric Adnet, médecin urgentiste au Samu de l’hôpital Avicenne de Bobigny. « Ces épisodes représentent un tournant évolutif de la maladie cardiaque. Leur prise en charge précoce est très importante ». Au total en France, 500 000 patients se rendent aux urgences chaque année pour ce type d’événement. Le risque de décès dans l’année suivant la prise en charge est évalué à 30%. L’insuffisance cardiaque aiguë est la principale cause d’hospitalisation des adultes de plus de 65 ans. Elle représentait 5% des motifs d’admission en 2010, dans cette tranche d’âge.
Le 15…
L’insuffisance cardiaque aigue survient de manière brutale. Elle peut se manifester « par l’apparition d’un essoufflement ou d’une sensation de gêne respiratoire à l’effort ou lors d’un changement de position. Mais également d’une forte douleur dans la poitrine ainsi que des gonflements soudains et importants. Tous ces événements doivent faire appeler le 15 », précise le Pr Frédéric Adnet. Face à une telle situation et en attendant les secours, il conseille aux proches de ne surtout pas allonger le patient, notamment en cas d’essoufflement, mais plutôt de respecter la position qui soulage sa respiration ».
Vers un nouveau traitement qui cible les organes
La prise en charge repose sur l’administration d’un vasodilatateur (dérivé nitré), d’un diurétique et l’oxygénation, à l’hôpital. « Depuis 20 ans, nous n’avons pas de nouveaux médicaments », déplore le Pr Adnet. « Or ceux dont nous disposons ne nous suffisent plus. Même si nous parvenons à sauver des vies, 10% des patients vont mourir très vite, dans le mois qui suit l’hospitalisation ».
Les traitements actuels permettent en réalité d’améliorer les symptômes. « Les organes comme le rein, le foie et les poumons continuent de dysfonctionner. L’objectif c’est de protéger les organes cibles ». Une nouvelle molécule, la serelaxin, développée par Novartis a fait l’objet d’une étude phase III. « Cette hormone synthétique a permis d’améliorer les symptômes respiratoires mais également la mortalité », explique le Pr Adnet. Cette dernière était considérée comme un critère secondaire dans l’étude. C’est pourquoi un nouveau protocole devrait débuter très prochainement, prenant en compte la baisse de mortalité comme critère principal. « C’est un nouveau concept intéressant et novateur. » A suivre donc…
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Source : Entretien avec le Pr Frédéric Adnet, 19 mars 2014, Paris
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Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : David Picot